L’été à Paris – dans le temps dans la nuit
L’été à Paris : photographie en noir et blanc des quais une nuit d’été à Paris illustrée par une magnifique poésie de Jacques Prevel. Enjoy !
Dans le temps dans la nuit
Je te parlerai
Dans le temps dans la nuit je pourrai répondre à
voix basse
Le seul moment que la vie m’a volé
Dans le temps dans la nuit je retrouverai
ton visage
Et la forme de mon visage
Je te parlerai dans le temps je te parlerai dans
la nuit
J’écarterai enfin l’affreuse douleur de mon silence
J’écarterai enfin les jours mortels
Je te parlerai hors du temps je te parlerai dans
la nuit
J’effacerai les traces amères de l’attente
J’effacerai les traces amères de l’oubli
Dans mes deux mains ouvertes je prendrai ton
visage
Ton seul visage d’un seul instant mortel
Je te parlerai hors du temps j’écarterai la nuit
Je reprendrai les mots absolus
Pour te les dires enfin avec ma voix pareille
A la lumière
Jacques PREVEL
Le saviez-vous ?
Jacques Marie PREVEL (1915 – 1951) est un poète français. Il est surtout connu pour avoir été l’un des derniers et fidèles amis du poète Antonin Artaud.
Venu du Havre, il arrive à Paris durant l’occupation. Vivant autour de Saint-Germain-des-Prés, il renonce à toute situation pour écrire. Ainsi connaîtra-t-il l’isolement et la misère. Ne trouvant pas d’éditeur, il doit publier à ses propres frais trois recueils de poèmes : « Poèmes mortels », « Poèmes pour toute mémoire » et « De colère et de haine ».
En 1946, le poète Antonin Artaud, alors interné durant près de neuf ans dans divers hôpitaux psychiatriques, dont l’hôpital de Rodez dirigé par le docteur Ferdière, arrive à Paris. La rencontre avec ce dernier sera son illumination. À partir de ce jour va naître entre les deux hommes une amitié basée sur le respect, la quête incessante de la poésie et de la drogue (Prevel fournissait Artaud en laudanum et en opium).
Jacques Prevel tiendra jusqu’à la mort d’Artaud son journal aujourd’hui appelé « En compagnie d’Antonin Artaud » où il relate sa vie quotidienne avec le célèbre poète maudit.
Épuisé par la tuberculose, Jacques Prevel s’éteindra en 1951, cinq ans jour pour jour après sa rencontre avec Artaud.
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