Léopard miaule à mi-voix et vient de nulle part
Léopard miaule à mi-voix et vient de nulle part : photographie noir et blanc des deux léopards du zoo de Beauval illustrée par une très jolie poésie de Robert Desnos intitulé le Léopard.
Le Léopard
Si tu vas dans les bois,
Prends garde au léopard.
Il miaule à mi-voix
Et vient de nulle part.Au soir, quand il ronronne,
Un gai rossignol chante
Et la forêt béante
Les écoute et s’étonne,S’étonne qu’en ses bois
Vienne le léopard
Qui ronronne à mi-voix
Et vient de nulle part.
Robert Desnos
source : unjourunpoeme.fr
Le Saviez-vous ?
Robert Desnos naît le 4 juillet 1900 à Paris dans le quartier des Halles.
Ses premiers poèmes se font l’écho de ses découvertes littéraires — Apollinaire, Laurent Tailhade, Germain Nouveau, Baudelaire, Rimbaud.
André Breton et Philippe Soupault ont déjà inventé « l’écriture automatique », forme d’expression aussi peu contrôlée que possible par la raison, quand Desnos fait son entrée dans le groupe surréaliste en 1922. Aussitôt il s’impose par ses exceptionnelles capacités verbales et sa fougue à entrer dans les expériences les plus diverses. Endormi, il répond aux questions des assistants, amorce des poèmes ou des dessins. Il rompt avec ses compagnons surréalistes en 1929.
Ce n’est qu’en 1933 que, grâce à Paul Deharme, il se lance dans une carrière radiophonique, où son imagination, son humour et sa parole chaleureuse vont faire merveille. Le 3 novembre 1933, à l’occasion du lancement d’un nouvel épisode de la série Fantômas, il crée à Radio Paris la Complainte de Fantômas. Le succès est grand.
Dans cette période heureuse Desnos est conscient de la montée du fascisme en Europe ; la guerre d’Espagne le bouleverse. Faire front lui paraît nécessaire. Aussi, accepte-t-il de prêter son concours à des manifestations des Maisons de la culture, et donne-t-il des critiques de disques au journal communiste Ce soir.
Mobilisé en 1939 Desnos fait la « drôle de guerre » convaincu de la légitimité du combat contre le nazisme. Il ne se laisse abattre ni par la défaite de juin 1940, ni par l’occupation de Paris. Il devient journaliste à Aujourd’hui, journal rapidement soumis à la censure allemande mais où il réussit à publier, « mine de rien » selon son expression, des articles de littérature qui incitent à préparer un avenir libre. La lutte est désormais clandestine. Dès 1942, il fait partie du réseau Agir, auquel il transmet des informations confidentielles parvenues au journal, tout en fabriquant par ailleurs de faux papiers pour des Juifs ou des résistants en difficulté. En 1944, Le Veilleur du Pont-au-Change, signé Valentin Guillois, pousse son vibrant appel à la lutte générale, quand le poète est arrêté, le 22 février.D’abord prisonnier au camp de Compiègne, il est déporté au camp de Flöha en Saxe, puis évacué en mai 1945 au camp de Terezin en Tchécoslovaquie. Épuisé par les mauvais traitements et les marches forcées, il y meurt du typhus le 8 juin 1945, avec l’ultime réconfort d’être reconnu par Josef Stuna et Alena Tesarova, deux jeunes Tchèques qui assistaient les déportés mourants.
Ainsi Robert Desnos sortait-il de l’anonymat d’un simple numéro de matricule tatoué sur son bras. À peine la nouvelle de sa mort était-elle connue qu’une légende prit naissance. D’un poème qu’il avait écrit en 1926 J’ai tant rêvé de toi, la dernière strophe, à travers des traductions en tchèque et en français, devint pour la conscience collective l’ultime message du poète à la femme aimée sous le titre Le Dernier Poème. La voix de Robert Desnos résonne désormais dans un poème qui a cessé de lui appartenir pour devenir la voix de tous.
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